4-4-2

Le classique 4-4-2 est indémodable. Simple et cohérent, il a le mérite d'être aisé à disposer et à expliquer et permet une occupation harmonieuse du terrain.

Dans un schéma en 4-4-2, plus propice à un jeu de pressing haut et à l'alternance dynamique entre DE et ME, les bases défensives (4 défenseurs dont 2 latéraux censés monter) et offensives (2 attaquants «jumeaux» ou un soutien l'un de l'autre) restent inchangées. Par contre, trois options existent au milieu de terrain.

a) 4-4-2 à plat

Le premier cas est représenté par Manchester United, à savoir un milieu à plat déployé sur toute la largeur du terrain et capable de coulisser d'avant en arrière et de droite à gauche (Valencia ou Nani et Anderson en ME et Carrick et Fletcher en MA.) Il ressemble à un filet qui recueille les ballons de l'adversaire ou de la propre défense pour les servir en attaque. Sa force est de quadriller le terrain et d'aisément inter-changer les joueurs (Carrick-Fletcher-Anderson) voire de les remplacer sans dommage en cours de partie (Scholes pour Carrick, Nani pour Valencia.) Il réduit également l'effort puisque l'espace à occuper est partagé: un joueur de milieu en 4-4-2 parcourt en moyenne 11565 mètres par match contre 11812m dans un 4-3-3.

L'inconvénient de cette tactique est lié à la relative rigidité et la lenteur du bloc. En effet, celui-ci n'est pas à l'abri d'une faille (joueur en méforme ou simplement moins rapide), ni des adversaires de l'équipe B qui sauteraient par-dessus le milieu ou s'inséreraient entre les joueurs ou entre les lignes, coupant ainsi le milieu de l'équipe A de ses attaquants. De fait, l'équipe A verrait ses attaquants refoulés et neutralisés à l'attaque, les milieux toujours alignés mais en retard et les défenseurs mis à nu et contraints de passer en losange ou de jouer le marquage individuel.

b) 4-4-2- en binôme

La deuxième option est un milieu en deux binômes, avec deux MA solidaires et dévolus à une tâche essentiellement défensive, et deux ME très offensifs. Les meilleurs exemples sont sûrement l'équipe de France sous Domenech (L.Diarra ou Diaby et Toulalan) voire sous Blanc (M'Vila et A.Diarra), ou encore Manchester City 2010-11 avec Barry et De Jong en MA et Johnson et Silva en ME.

Dans cette configuration, l'équipe bénéficie d'un secteur défensif robuste avec 6 joueurs à vocation défensive. Elle gagne en « explosivité » également avec quatre offensifs, les deux ME qui ressemblent à des vrais attaquants, capables de dribbler et de marquer et deux attaquants capables de reculer pour créer l'espace en faveur des deux ME.

Ce système, encore en vogue récemment, bat de l'aile pour plusieurs raisons. Premièrement, il est lent, comme en témoigne le peu de buts marqués par les équipes qui l'adoptent et les cinglantes défaites face à des équipes plus mobiles (MC- Arsenal 0:3 en octobre 2010.) Deuxièmement, il peut souffrir du manque de complémentarité entre les deux MA. Troisièmement, l'animation offensive dépend trop de la créativité et de l'état de fraicheur des deux ME sur lesquels pèse le poids de livrer le ballon aux deux attaquants souvent statiques et de déstabiliser à la fois les ME et les DE adverses. Enfin, le jeu n’est pas fluide puisqu'on a affaire à deux escouades, offensive et défensive, qui ne communiquent pas vraiment. C'est pour ces raisons que MC est parfois passé à un 4-4-2 plus compact avec Yaya Touré, médian, et Silva à gauche ou proche d'un 9,5.

c) 4-4-2 en losange

Enfin, la dernière option du 4-4-2 est un milieu en losange, avec un milieu défensif central, distribuant le jeu verticalement et horizontalement. Ce schéma peut par exemple être appliqué par la Juventus version Conte avec un Vidal légèrement avancé (sans pour autant être un 9 1/2.) Pirlo occupe ainsi seul un poste dévolu l'an dernier à Felipe Melo et Aquilani qui devaient récupérer mais aussi pénétrer le camp adverse pour fournir le ballon à l'attaque. Dans la version 2011-12, l'avantage de Pirlo, un joueur assez lent, est de disposer de tout le temps nécessaire pour réfléchir au jeu et distribuer à l'envi ses ballons puisqu'il est loin des joueurs adverses et qu'il est protégé comme dans une niche par les deux DE et les trois autres milieux. Ces derniers forment un triangle obtus composé de Pepe, Marchisio et Vidal, à l'avant ou au centre. D'une certaine manière, Conte emprunte là une tactique à laquelle il a participé en tant que joueur sous Trapattoni (1991-94), avec le quadrilatère Marocchi ou Conte/ Di Livio/D.Baggio/Möller, en soutien d'un technicien R.Baggio (Vucinic) et d'un dynamiteur Ravanelli/Vialli (Matri.)

Les postes de ME sont donc plus simples à occuper car ils ne supportent pas le poids de penser le jeu et peuvent circuler assez librement, soutenus par les DE, servis par le milieu défensif, et chargés de fermer le jeu par un système de tenailles. Il n'est ainsi pas étonnant que les milieux marquent autant de buts (37% des buts à la fin novembre 2011.)

Les inconvénients du losange sont, cela étant, assez nombreux. D'abord, la distance entre le milieu offensif et le milieu défensif peut être trop grande et offrir un boulevard pour l'équipe adverse, surtout si celle-ci est en 4-4-2 à plat. Mais surtout, on ne peut pas vraiment parler de milieu « défensif » du type Gattuso ou Cissokho, mais plutôt d'un meneur de jeu en retrait. Dès lors, la défense se voit privée d'un véritable tampon ou récupérateur devant elle et les ME peuvent être sacrifiés à une tâche défensive. Enfin, le poste de 9,5 est très compliqué à occuper et les joueurs motivés à l'occuper sont rares. Les problèmes de placement par le passé de Baggio à la Juve, de Del Piero en sélection ou Totti à la Roma tendent à démontrer la tentation pour ces derniers de glisser sur un côté de l'attaque et transformer ainsi le 4-4-2 en un 4-3-3. 

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